Dans le paysage du contract management, la question de la standardisation revient de plus en plus fréquemment. Elle semble répondre à un besoin de structuration, d’efficacité, voire de reconnaissance professionnelle. Mais cette quête de normes universelles est-elle réellement adaptée à la nature même du métier ?
Standardiser : de quoi parle-t-on exactement ?
Standardiser, c’est créer des règles, des modèles, des procédures communes, et les appliquer systématiquement dans la gestion des contrats. Cela peut concerner la rédaction des documents, les étapes de validation, la gestion des risques, ou encore les méthodes de négociation. L’objectif : assurer la cohérence, gagner en efficacité, faciliter l’intégration des nouveaux collaborateurs et offrir un cadre clair.
À première vue, cette approche semble bénéfique. Elle réduit les marges d’erreur, simplifie les audits, favorise la conformité réglementaire, et crée un langage commun au sein des équipes. Dans des structures multisites ou internationales, c’est un atout indéniable.
Le revers de la médaille
Pourtant, le contract management ne se limite pas à une suite de procédures. Il implique une compréhension fine des enjeux humains, juridiques, techniques et financiers. Chaque contrat, chaque client, chaque contexte est unique. Appliquer une méthode uniforme à tous les cas peut devenir un frein à la réactivité, à l’intelligence de situation et à la capacité de négociation.
Une standardisation trop rigide risque de faire perdre au contract manager l’un de ses atouts majeurs : sa flexibilité. Elle pourrait également engendrer une lourdeur administrative contre-productive, éloignant les professionnels de leur rôle stratégique et relationnel.
Trouver un équilibre
Il serait sans doute plus pertinent d’envisager une standardisation partielle. Certaines dimensions du métier se prêtent très bien à une approche normée : suivi des échéances, gestion documentaire, cartographie des risques, ou traçabilité des validations. D’autres nécessitent au contraire une adaptation constante : négociation, gestion des tensions, pilotage relationnel avec les parties prenantes.
Cette approche hybride permet de combiner rigueur et agilité. Le contract manager dispose alors d’un socle structuré, mais conserve la liberté d’action nécessaire face aux spécificités de chaque projet. Il reste ainsi un facilitateur, capable de faire le lien entre les règles de l’organisation et les réalités du terrain.
Une réponse qui dépend du contexte
La réponse à cette question n’est donc pas universelle. Tout dépend de la culture de l’entreprise, de son secteur d’activité, de la complexité des projets, et même de sa maturité contractuelle. Une start-up du numérique n’aura pas les mêmes besoins qu’un grand groupe industriel.
Ce qui importe, au fond, c’est que la standardisation ne devienne pas une fin en soi. Elle doit rester au service de l’efficacité, de la fluidité, et de la sécurité juridique, sans étouffer l’intelligence humaine et la créativité qui font la richesse de ce métier.
Sofia HASSED
Senior Contract manager
SINERGIE – Agence de contract management