Dans tout environnement professionnel, il existe des personnalités qui fragilisent les dynamiques d’équipe, perturbent les projets, et installent un climat délétère. Dans le domaine du contract management, où la coopération, la rigueur et la communication sont des piliers essentiels, ces comportements peuvent devenir un véritable risque opérationnel.
Reconnaître une personne toxique
Les personnes toxiques n’ont pas toujours un profil évident. Elles ne crient pas toujours, ne s’opposent pas frontalement. Leur impact se mesure souvent à l’atmosphère qu’elles créent : tensions récurrentes, blocages dans la prise de décision, instabilité émotionnelle dans l’équipe. Leur présence alourdit les échanges, et leur absence, paradoxalement, semble rendre les choses plus fluides.
Ce type de profil se reconnaît à certains comportements : critiques systématiques sans solutions, refus de collaborer, instillation du doute, remise en cause constante des autres, parfois même en public. Leur objectif, qu’il soit conscient ou non, est souvent de déséquilibrer les rapports de force au sein du projet.
Pourquoi c’est un vrai sujet contractuel
Dans une relation contractuelle, où chaque mot peut être interprété, chaque décision formalisée, la toxicité relationnelle peut vite déraper. Elle peut provoquer des retards, des incompréhensions, des litiges, et altérer la qualité des échanges avec les parties prenantes — internes comme externes.
Pire encore, ces comportements peuvent fragiliser la position du contract manager, réduire sa marge de manœuvre, et ternir la relation de confiance construite avec les clients, fournisseurs ou partenaires.
Réagir sans se brûler
Face à ces profils, l’instinct pousse souvent à la confrontation. Mais ce réflexe peut être contre-productif. Les personnes toxiques savent nourrir le conflit. Leur stratégie repose parfois sur l’usure émotionnelle ou la provocation. C’est pourquoi la première règle consiste à rester maître de ses émotions et de sa posture.
La gestion efficace passe par plusieurs leviers :
- Identifier rapidement les signaux faibles : malaise constant, critiques sans solutions, isolement volontaire ou sabordage de l’avancement.
- Imposer un cadre clair : fixer des règles de fonctionnement, rappeler les rôles et responsabilités de chacun, notamment en réunion.
- Basculer sur l’écrit : systématiser les comptes rendus, formaliser les décisions, éviter les interprétations personnelles.
- Responsabiliser l’interlocuteur : lui demander explicitement de proposer une solution concrète à ce qu’il critique.
Quand la patience est stratégique
Dans certaines situations, la confrontation directe n’est ni possible, ni souhaitable. Il peut être plus stratégique de se retirer temporairement du front, de laisser la personne toxique exposer d’elle-même ses dérives. Ce repositionnement ne signifie pas un abandon, mais une anticipation : tôt ou tard, le masque tombe, surtout quand le reste de l’équipe perçoit l’écart entre les postures et les résultats.
Ce type d’approche demande du recul, de la maturité, et un sens aiguisé de l’intérêt collectif. Mais elle peut s’avérer plus efficace que l’affrontement frontal, surtout dans les environnements contractuels tendus.
Protéger les projets, protéger les équipes
La présence de profils toxiques ne peut pas toujours être évitée. Mais leur impact peut être limité, à condition d’agir tôt, de poser un cadre, et de maintenir un haut niveau d’exigence dans les échanges. C’est aussi une manière de préserver la santé mentale des équipes, souvent en première ligne face à ces tensions.
Un bon contract manager sait défendre les intérêts de son organisation. Un excellent contract manager sait aussi défendre la dynamique humaine d’un projet. Et cela passe parfois par la capacité à désamorcer, à contenir… ou à s’écarter pour mieux avancer.
Sofia HASSED
Senior Contract manager
SINERGIE – Agence de contract management