Une réunion projet, un comité de pilotage, un lancement de contrat… Sur le papier, tout est cadré, préparé, séquencé. Et pourtant, en pratique, les émotions s’invitent. Impatience, agacement, euphorie, ennui… Ces ressentis discrets ou bruyants rythment les temps collectifs professionnels, souvent autant que les faits eux-mêmes.
Et si pour mieux comprendre la dynamique d’un collectif, il suffisait d’observer un anniversaire d’enfants ?
La préparation : entre excitation et doutes
Tout commence avec enthousiasme. On imagine un déroulé fluide, des échanges riches, une coordination efficace. Comme un anniversaire bien organisé : décorations choisies, activités prévues, gâteau commandé.
Mais rapidement surgit une question sourde : Et si ça ne se passe pas comme prévu ? C’est là que l’émotion d’hésitation s’infiltre. Comme pour un animateur de réunion qui se demande si l’ordre du jour sera respecté, si les participants viendront motivés, si la logistique tiendra.
L’arrivée : soulagement et montée en tension
Les premiers participants arrivent. Tout semble bien se passer, l’accueil est chaleureux. Mais très vite, les comportements se différencient. Certains suivent, d’autres testent les limites. L’équilibre est fragile.
C’est le moment où l’on ressent le poids du rôle de facilitateur : celui qui doit maintenir une atmosphère constructive sans brider les expressions. Et comme dans un groupe d’enfants, la tension peut monter vite si chacun cherche à imposer sa voix sans écoute.
Le chaos : quand la colère surgit
Un dérapage, une tension mal contenue, et la réunion bascule. Les échanges se fragmentent, les voix se superposent, l’ordre du jour explose. La colère ou la frustration s’expriment, parfois brutalement. Ce moment rappelle l’énergie débordante d’un groupe d’enfants qui transforme une activité préparée en bagarre générale.
Ici, le rôle du contract manager (ou de tout manager) est d’autant plus complexe : comment apaiser sans éteindre, recentrer sans étouffer, avancer malgré le désordre ?
L’instant de vérité : entre envie et rejet
Vient ensuite le temps des arbitrages, symbolisé dans l’analogie par… le gâteau. Ce moment-clé où l’on pense rassembler tout le monde autour d’une décision commune. Et pourtant, certains adhèrent avec enthousiasme, d’autres boudent ou critiquent.
La diversité des préférences, des attentes, des frustrations s’exprime ici pleinement. Il ne s’agit plus seulement de faits ou de process, mais d’attentes projetées sur l’instant. Tout comme dans une réunion, où chaque acteur vient avec ses propres priorités, souvent non dites.
L’épuisement et la relance
Un creux s’installe. L’énergie retombe. Certains décrochent. D’autres continuent à interagir, mais la dynamique collective faiblit. Comme dans ces réunions qui s’éternisent et perdent leur efficacité. Jusqu’au moment où un détail — une question inattendue, une remarque personnelle — relance la dynamique, ne serait-ce que pour amorcer la fin.
Le départ : entre satisfaction et nostalgie
Quand tout se termine, un étrange mélange s’installe : soulagement, fatigue, mais aussi satisfaction d’avoir vécu quelque chose de fort. Les tensions ont existé, mais elles n’ont pas empêché l’ensemble d’aboutir.
Les enfants repartent souriants, parfois déjà impatients de recommencer. Et les équipes, de leur côté, clôturent la réunion avec des idées, des décisions… et des émotions.
Conclusion
La gestion des émotions est au cœur de toute dynamique de groupe, qu’il s’agisse de gérer un projet à plusieurs millions d’euros ou une fête d’anniversaire avec cinq enfants surexcités.
Le contract manager, au-delà des outils et des clauses, est aussi un modérateur d’émotions. Et parfois, il suffit de prendre un peu de recul pour s’en rappeler : une réunion qui dérape n’est rien d’autre qu’un anniversaire d’enfant à huis clos.
Sofia HASSED
Senior Contract manager
SINERGIE – Agence de contract management